Arrête de geindre – on reviendra vers vous dans les prochains mois
Aux éditeurs dont j’attends une réponse, j’ai fait une partie du boulot pour vous : j’ai demandé à Chat GPT de me donner son avis (tu le sens mon désespoir ?) sur mon dernier manuscrit et puis tant qu’il y était de me filer des pistes d’amélioration et enfin, c’est le même prix, de juger le potentiel de publication.
Et le résultat est sidérant : il a fallu moins d’UNE (1) seconde à la machine pour avaler le texte de 230 pages A4 et donner sa réponse claire, précise et structurée.
Je vous le dis, c’est une question de mois avant que ChatGPT ne remplace les comités de lecture. Et d’années avant que l’IA n’écrive des textes qu’elle jugera elle-même.
Bon, avant l’apocalypse, le boulot est déjà grandement prémâché, ami éditeur :
– « En somme, votre manuscrit montre un fort potentiel avec une écriture de qualité et des personnages bien développés. »
– « Révision et Édition : Il serait bénéfique de faire appel à un éditeur professionnel pour affiner le texte »
Chat GPT a conclu :
1. Y a du pognon à se faire pour toi ami éditeur
2. On devrait travailler ensemble.
J’attends ton appel
Il faut dire que je suis subjugué par le traitement des manuscrits par les maisons d’édition. Des comités de lecture spécifiques existent, sont parfois même centralisés entre plusieurs maisons d’édition d’un même groupe, et pourtant pas de réponse. Ou alors – en cas d’absence de réponse dans les 3 mois, veuillez considérer que le manuscrit n’est pas retenu. D’accord.
Je comprends. J’accepte kes règles du jeu depuis 15 ans.
Mais.
Je vais faire ce que je déteste, ce qui m’horripile, mais je vais geindre ! Non seulement je vais geindre mais je vais me pousser du col. Ca va piquer, je m’insupporte déjà.
J’ai publié un roman, qui a reçu plusieurs prix littéraires dont celui du festival du premier roman de Chambéry, qui a sacré les plus grands. Gagné des concours de nouvelles. Ecrit des podcasts, travaillé dans des journaux, publié des éditos, etc… Je sais ce que c’est qu’écrire. Alors d’accord, j’ai écrit des manuscrits dont certains ne méritaient pas qu’on les publie, ni même qu’on me fasse une réponse. Mais je sais aussi que 2 d’entre eux méritent du respect. J’ai suffisamment de distance par rapport à ce que j’écris et d’auto-critique pour me rendre compte de la qualité de ce que je produis. Et je ne comprends pas que je ne reçoive aucune réponse. Je comprends que ça ne plaise pas à tout le monde, je comprends qu’il fallait re-travailler, re-corriger, tailler, approfondir, tout ce que tu veux, mais je ne comprends pas que PERSONNE n’ait pris la peine de m’écrire, de me téléphoner, de me dire ce qu’il en pensait, parce que ce texte a les qualités littéraires requises pour mériter un intérêt de 5 minutes.
Je geins. Mais je ne sais plus quoi faire d’autre. J’ai écrit les mails d’accompagnement les plus originaux, les plus littéraires, les plus drôles, les plus brefs, j’ai envoyé à des contacts recommandés par des gens que je connais, j’ai envoyé dans le vide, dans la nasse. Je comprends bien qu’il y a des dizaines de manuscrits qui arrivent tous les jours chez les éditeurs. Ca fait 10 ans que je le comprends. Mais je sais aussi qu’il y a des gens dont c’est le métier, trier ce qui leur est envoyé, lire, noter, analyser, mettre en haut de la pile. Et surtout je lis ce qui continue d’être publié. Il y a des chefs d’oeuvres, des livres d’une force incroyable. Mais il y a aussi des aberrations littéraires, des sauvageries, des attentats, des navets littéraires. Qui ne valent pas ce que j’écris (suis je encore un tantinet objectif là ?) Alors, désolé oui, je méprise un peu en plus de geindre. Ca ne va rien changer, mais juste un peu me soulager. Et j’avais envie de te dire, cher mon lecteur, que j’en ai marre de ne plus être respecté comme je pense devoir l’être. Tant pis pour l’humilité. Il fallait que ça soit dit.