Bacalahau et petites frites
Aujourd’hui il pleuvait.
Je marchais dans les rues de Lisbonne, sans parapluie mais avec un appareil photo, sur ces pavés en marbre blanc (un élément infaillible pour savoir qui habite Lisbonne depuis plus de 3 mois).
Je cherchais des bars ou des restaurants entre Alameda et Martim Moniz. Mais j’avais beaucoup de peine à lever les yeux. Je m’arrêtais fréquemment sous l’auvent d’un restaurant fermé. Je lisais la carte et je me disais que les Lisboètes n’aiment ni trop les légumes ni trop les Phénylcétonuriques végétariens. J’avançais et la pluie me rappelait la Belgique.
J’ai 30 ans et si je ne porte pas les stigmates du temps qui s’évapore sur le visage, j’ai l’impression d’avoir traversé le temps d’un souffle. Pourtant j’ai varié les rythmes, les compagnons de route, les pays, les climats, les distractions, les styles, les positions sexuelles, les boulots, les divertissements. Et aujourd’hui je vis comme un adolescent. Je ressens tout comme un adolescent. Un éternel recommencement, hm ?
Je continuais de marcher, les Portugais étaient dehors, devant des façades colorées, défoncées, à attendre à l’angle des rues, à contempler le temps qui s’égrène. Ils me fascinent. Je pense qu’ils sont fascinants.
Je suis rentré, après avoir attendu 35 minutes le bus face au stade du Sporting Lisbonne (presque aussi flamboyant que le Stade Maurice Dufrasne mais avec un cinéma et un Lidl à l’intérieur), qui venait de gagner. Je suis monté dans le bus bondé et j’ai pensé t’écrire.
Après 3 mois à Lisbonne, je peux tirer plusieurs conclusions :
l’alcool ne fait pas grossir
je ne mangerai plus de frites qu’en mitraillettes, avec de la tartare, cuites par un expert
la pluie ça mouille partout pareil
j’ai hâte que le printemps arrive
j’ai davantage amélioré mon néerlandais que mon portugais
je suis un peu trop climatico-dépendant
j’ai très envie de chicons
les Portugais sont des gens tellement bienveillants
on survit à un divorce
j’aime t’écrire cher mon lecteur, même quand je n’ai rien à dire