Berlin, je m’en vais

Berlin,

Ce matin, les larmes ont traversé rapidement nos regards. C’étaient les dernières étreintes.

Je m’en vais. Rassasié. Et heureux. Heureux de t’avoir rencontré. Et heureux de partir.

Je t’ai traversé autant que j’ai pu, je me suis épuisé à essayer de t’attraper, pas grand chose, un morceau d’âme, j’ai  créé un jeu de piste sur tes terres, écrit une vingtaine d’articles dans un de tes magazines, vécu dans 3 appartements, dormi sur tes bancs, sur tes parterres, sur tes bateaux, j’ai traversé tes nuits, connu tes aurores, tes étés hallucinants et hallucinés, tes hivers interminables, ta scène parfois plus underground qu’artistique, tes Turcs, tes Hipsters, tes Allemands.

J’ai navigué pendant deux ans au milieu de cette ville immense, au milieu de ses 5 millions d’habitants, j’ai tenté autant que j’ai pu de découvrir une partie de ses mille secrets, de ses mille lacs, ses mille lieux improbables, ses clubs, ses bars, ses spas, ses kegels, ses restaurants, ses döners, ses bâtiments tristes, ses bâtiments étranges et uniques, ses quartiers utopiques, ses terrains de foot, ses piscines en plein air, ses pizzerias, ses cinémas de quartier, ses bureaux moroses, ses châteaux réels ou imaginaires, ses festivals électriques, ses habitants qui rêvent d’un autre monde, un monde alternatif, un monde où ils se sentent enfin libres.

J’ai aussi découvert la course aux appartements et l’administration allemande, j’ai découvert ses hôpitaux efficaces et tranquilles, j’ai découvert les morceaux éparpillés de l’histoire du XXème siècle dans des rues oubliées. J’ai rencontré des dizaines de ses habitants, tristes, loufoques, perchés, excités, curieux, ennuyants comme ces jours étouffants et interminables d’un hiver qui pèse de tout son poids sur la ville. J’ai perdu quelques illusions et gagné de rares certitudes.

Berlin, Berlin qui n’existe pas, Neukoln, Mitte, Wedding, Kreuzberg…

Berlin artistique, Berlin vibrant, Berlin culturel, Berlin surprenant, Berlin hideux, Berlin vert et sauvage, Berlin léger et enthousiasmant.

Berlin,  ce matin je suis dévasté. Je pleure les gens qui ont croisé ma route pour une étreinte, une soirée ou deux ans. Je choisis de partir mais ça n’empêche pas les départs déchirants.

Berlin.
Je m’en vais.
Nos larmes sècheront bientôt.
Ne m’en veux pas. Je n’ai pas tout vu. Pas tout exaucé, pas tout rencontré.

Mais je rentre à la maison.

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