Chronique d’un été (part 2)

J’ai débarqué dans la fournaise nord-américaine un samedi après-midi, après avoir griffonné une adresse de résidence loufoque pour apaiser le douanier. L’air était humide et le soleil très haut et très grand, sur le parking de l’aéroport. C’était le début de 6 semaines de séjour, à Hopewell, dans le New Jersey. New Jersey, c’est bien, surtout ce coin-là, c’est à 1h30 de New York en train depuis Princeton Junction. Hopewell, par contre, c’est un village, à peine plus grand que celui où j’ai grandi. Je reste dans une grande maison en bois, à la lisière de la forêt. 

La journée, je corrige largement « La hyène » (à paraitre très bientôt) et je réécris « Quand les ânes de la colline sont devenus barbus« . La journée, il n’y a rien d’autre à faire qu’à écrire. Parfois, je quitte le bureau climatisé et je sors pour lire Le passager de JC Grangé, une brique de 950 pages. D’abord, les moustique me dévorent les chevilles. Ensuite, à lire 950 pages, j’aurais mieux fait d’entamer la Bible. Au moins, ça peut toujours servir pour gagner un camembert au Trivial Poursuit. 

A Rome, je me promenais. Là, les rues sont limitées. Et elles sont prévisibles, tellement prévisibles. Je me remets alors à courir. Et à jouer au tennis. Je suis en famille là-bas, chez un couple d’immigrés qui travaillent abondamment. Ils ont une fille de 4 ans. C’est elle que je croise le plus souvent. Elle m’appelle « Tonton ». Puis un nouvel éditeur numérique me contacte début aout. Il me demande de lui écrire une novella, une sorte de nouvelle longue, pour son catalogue de rentrée (j’espère t’en reparler bientôt cher mon lecteur). Alors derrière les rideaux de la pièce où j’écris, à regarder les écureuils, à voir passer des voitures énormes, à observer les petits camions de l’US Postal, à contempler les travailleurs sud-américains qui débarquent d’un camion et tondent une pelouse en dix minutes, je me mets à rêver l’Amérique. J’écris. J’écoute johnny cash radio et j’écris.  L’Amérique. Plus comme je la rêve que comme je la vois. Mais tout de même. L’écriture est laborieuse. Comme ce morceau d’amérique. Comme les semaines qui s’enchaient sans surprise, sans aucune surprise. Je cours. Je mange peu. Je dors mal. Et Johnny Cash. J’écrirai trois autres nouvelles dans la fournaise américaine. En six semaines, j’aurai quand même pu croiser Montreal, Philadelphia, New York et Mountain Creek, avec cette femme serbe qui est grande et large et qui jure comme un charretier. C’est Calamity Jane. C’est le Klondike.

Je repasse les douanes. L’été dans l’ouest est terminé. Il a été beaucoup plus riche que ce que ces quelques lignes pourraient vous laisser croire. Ecrire des nouvelles, c’est parfois pouvoir manier l’art de la tromperie, non ? Je vais revoir Bruxelles. Là-bas, les journées seront plus longues, les nuits plus courtes et je pourrai vous parler des toutes prochaines échéances. 

Stay tuned folks*


*heard on johnny cash radio

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