Conscience à vendre
Parfois je reçois des critiques cher mon lecteur. C’est d’ailleurs dans ce but là que je fais voyager Trois ombres au soleil de blogs littéraires en blogs littéraires. Certaines sont bonnes ou nuancées ou dythirambiques mais il y a aussi quelques critiques négatives. Des critiques pas négatives d’un bloc entier, les gens sont moins méchants qu’on ne le pense, mais assez négatives. Ca arrive, ce premier roman est un premier roman, une première fiction, née avant même une première nouvelle et puis ça paraitrait aberrant de ne recevoir que des éloges. Et quand je lis ces critiques, à cet instant précis où je termine de lire ces critiques, ma part de conscience responsable me souffle qu’il faudrait arrêter de promouvoir le roman auprès du public, je ne sais pas exactement pourquoi, c’est peut-être ce qu’on pourrait appeler le respect du client, je veux pas vendre de la daube, je sais que ce n’est pas vraiment de la daube, beaucoup ont aimé, mais quand je reçois une critique négative ma conscience me taraude. C’est comme ça. Je me dis que je reprendrai le démarchage des libraires et des lecteurs quand j’aurai écrit un roman dont plus de 95% des critiques seront élogieuses (un peu comme pour le dernier roman de Joel Dicker – la vérité sur l’affaire Harry Québert). C’est peut-être mon côté « éducation catholique » ou mon autre versant « marchand de tapis consciencieux ». Je ne veux pas vendre quelque chose qui pourrait éventuellement peut-être décevoir le lecteur.
Et puis hier, j’ai croisé trois auteurs à la télévision, Yann Moix, Christine Bravo et Nicolas Rey. Je suis curieux et je suis donc allé voir ce qu’ils avaient écrit et puis je suis allé voir ce que les lecteurs de Babelio en pensaient. Et là, je suis resté bouche bée, je suis tombé des nues, ça a été la surprise, la claque à ma conscience. J’y ai trouvé une majorité de critiques négatives et même destructrices. Pourtant sur les plateaux on nous vendait du « Auteur de talent », du « Excellent roman », du « Achetez pour passer un bon moment ». Et j’ai réalisé que peu importait ce qu’on pouvait dire de leur livre, à vrai dire peu importait tout le fiel qui se déversait dans la presse et sur le web à propos de leurs écrits, ils continuaient de le vendre, avec conviction, à la télé. Et les gens continuent donc d’acheter leurs romans. Je me suis alors demandé si eux, ils n’avaient jamais ressenti ce remords d’avoir berné un lecteur crédule ? Et je pense que non, ils doivent vivre ça plutôt sereinement, parce que ceci est une partie de leur gagne-pain. Et les gens sont toujours moins honnêtes quand il y a de l’argent à gagner. Et puis je réalise que moi, j’ai besoin de vendre des livre, parce que je n’ai rien d’autre, parce que c’est, aujourd’hui, l’entièreté de mon gagne-pain.
Alors je n’ai qu’une conclusion à écrire.
Conscience à vendre !