De l’art de garder son public

Il y a désormais différents moyens de rester en contact avec toi, cher mon lecteur. Mais je ne me voyais pas commencer à poster des stories sur moi, sur mon addiction au Yoga (fausse), à l’ail (vraie) ou aux dessins animés (je laisse planer le doute) pour te fidéliser. Le seul lien qui nous unisse c’est la littérature alors je ne vais pas te mentir, ni changer la nature de notre relation. Pour te dire les choses, je t’écris, depuis cette minuscule fenêtre.

Ce qui est bien dans notre relation, cher mon lecteur, c’est qu’il n’y a pas d’exclusivité. Tu lis, tu en aimes d’autres, tu te passionnes pour eux, tu les portes aux nues, tu les détestes. Et de temps en temps, tu te rappelles de moi : tu passes me lire, prendre de mes nouvelles, tu viens voir si j’existe toujours littérairement (parce que je survive toujours dans le monde des assurances te laisse assez indifférent).

Alors, oui, j’existe toujours. Je survis littérairement. Je travaille dans l’ombre. Je viens d’envoyer cette semaine ce qui est sans doute mon manuscrit le plus abouti (mais méfie toi, parce que je trouve toujours un qualificatif enjoliveur pour décrire mon dernier manuscrit, « celui-ci est le plus ambitieux », « celui-là est le plus original », bla bla bla…) aux maisons d’édition. Le projet m’a pris plus d’un an et demi mais bon, c’est juste à titre informatif parce que la réalité c’est que le sang et la sueur versés ne rentrent pas en compte dans l’appréciation d’un manuscrit.

En parallèle, j’ai un projet à quatre mains avec un Berlinois sur notre expérience de call center (mais il y a jusqu’à présent eu seulement deux mains qui ont bossé) et un nouveau projet de manuscrit.

La réalité c’est que, même si je crèverais d’envie d’être publié dans une maison d’édition, j’écris désormais pour le plaisir que cela me procure, le besoin que j’en ressens et avec le déouvement d’un dernier testament. J’ai fait ma paix avec ça. Ecrire et ne pas être lu (en continuant néanmoins d’y croire et de faire le nécessaire pour cela). Même si ça ne m’évite pas toujours toute forme de rancoeur. J’en ai beaucoup moins qu’il y a quelques années, dans ces années étranges où je n’envisageais rien d’autre que la littérature comme source de revenus.

Et aujourd’hui, par ricochet, on m’a proposé un projet d’écriture rémunéré pour un podcast. Cela ressemble à quelque chose comme un lointain fantasme qui se matérialise, un tout petit peu, qui commence à prendre légèrement forme. Cela me semble être une opportunité à saisir. Peut-être la voie la plus raisonnable (je n’aurais jamais écrit ce mot avant 35 ans) de faire exclusivement de la littérature ma source de revenus.

C’est à la fin du bal, qu’on paie les musiciens. Et je suis en train de jouer un long, un très long bal. Il va falloir encore de l’abnégation et du courage.

A bientôt cher mon lecteur

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *