Embrasse ce qui ne peut être évité

Pour moi, tout a commencé le 30 mars 2020. Cette semaine-là, je devais partir au Pérou et en Bolivie, un voyage préparé depuis des années, en réalité des décennies, secrètement, avec ma mère. Quatre semaines d’un voyage qui deviendra un voyage immobile. C’est donc le 30 mars que j’ai commencé à écrire les deux manuscrits que je préparais depuis deux ans (en réalité, un que je préparais depuis deux ans et l’autre qui avait germé à peine quelques semaines plus tôt).

Et aujourd’hui, j’ai terminé l’écriture et la première relecture de ces deux manuscrits. Les panthères (95 pages A4) et La légende de Paul Gianni (285 pages A4) vont donc être lus par les premiers bêta lecteurs avant de nouvelles corrections et partir à la rencontre d’un éditeur en septembre ou en octobre. Cette écriture a été particulièrement intense, portée par une urgence dont on me parle si souvent mais que je n’avais jamais ressentie aussi fort. L’urgence dans l’art ou l’art comme urgence. A la fin du premier jet, j’étais porté par une énergie solaire : « Ce matin, j’ai donné naissance à l’un des moments d’écriture les plus intenses que j’ai vécus. Dans le chaos et l’anarchie d’une gare routière bondée pour les gens qui tentent de partir en exode, avec un vent fort et violent et la montée de vagues incessantes d’insectes, j’ai livré ce qui sera le sentiment le plus intense qu’un écrivain puisse approcher, en donnant vie et texture à la situation et aux personnages, en écoutant la bande sonore la plus appropriée jamais faite pour des lignes à peine écrites. Michael Kiwanuka, dans son beau monde apocalyptique, a tout emporté. »

J’ai repris le travail le 5 mai et je travaille depuis en mi-temps forcé. Et au moment où je termine la première mouture de ces deux manuscrits, je reçois la réponse à ma candidature pour une résidence d’auteur pour ce mois de juillet, une réponse négative. Le projet parait extrêmement ambitieux mais confus. Alors, je dois reconnaitre que sans cette période d’inactivité forcée que j’ai utilisée comme je pouvais, je n’aurais pas écrit 12 lignes de ces deux manuscrits. J’aurais vu le Pérou, la Bolivie, j’aurais baptisé mon filleul, rencontré les élèves de Sainte-Marie, visité la Pologne, bu en regardant la Belgique remporter l’Euro 2020. Au lieu de ça j’ai écrit, avec une rigueur, une urgence et une énergie qui m’ont permis de boucler deux projets en trois mois.

Shakespeare a dit : « embrassez ce qui ne peut être évité ». J’espère que toi aussi cher mon lecteur tu as mis à profit ce temps tombé du ciel. J’espère surtout que tu vas bien. Et que demain nous irons encore mieux.

A bientôt

 

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