En route vers Téhéran
Parfois, internet permet des rencontres inespérées, presque inimaginables. C’est internet comme on le rêvait à ses débuts cher mon lecteur. L’internet utopique fréquenté par des gens curieux et pleins de bonnes intentions. Le temps a atténué nos espoirs. Mais tout n’est pas perdu, je te le dis cher mon lecteur.
Il y a le dark et le bright web
Il y a quelques semaines un lecteur du site Short-Edition m’a contacté pour me poser des questions sur mon parcours et si possible avoir accès à une courte biographie. Je ne suis pas très réactif sur la messagerie de Short Edition parce que dans l’immense majorité des cas, il s’agit de gens qui nous somment, sans pudeur, de venir voter pour leur texte. Alors quand j’ai répondu, le lecteur m’a dit que c’était trop tard et qu’elle avait déjà trouvé les infos sur mon site. Et sur mon site, Sogol (on s’était à cet instant échangé nos adresses mails) avait remarqué que j’avais publié un premier roman qui pourrait l’intéresser. Sogol est Iranienne, francophone, elle vit à Téhéran et publie des traductions de textes courts pour des magazines mais elle publie aussi des romans dans des maisons d’édition iranienne cachées dans la vie underground intense de Téhéran ou, plus souvent, dans des maisons basées à Paris si le texte est sensible. Evidemment, quand les ânes de la colline sont devenus barbus est un texte sensible si on se place du point de vue des Talibans ou des pouvoirs religieux autoritaires comme ceux en Iran. Je ne me vois pas en nouveau Salman Rushdie, je sais que ceux qui prennent les véritables risques sont ceux qui traduisent, publient et font circuler des textes qui défient les autorités religieuses de leur pays. Alors Sogol m’a demandé comment elle pouvait se procurer le roman, la commande en Iran étant impossible. J’ai alors proposé de lui envoyer moi-même le livre, à une adresse bizarre, reprenant 3 noms de rue différents. Je ne voyais pas bien comment ça arriverait, ni si tout cela était bien réel. Mais même si c’était un piège, une blague ou un geste inutile, cela ne m’engageait pas outre-mesure. Ca ferait simplement un exemplaire de roman en plus dans la nature.
Et puis surprise. Quelques jours plus tard, Sogol m’a recontacté, elle avait bien reçu le roman, l’avait lu en un jour et avait déjà traduit et publié dans un magazine la nouvelle pour laquelle elle m’avait contacté en premier lieu. Et elle travaille sur la traduction du roman.
La littérature est un voyage inattendu.
Et il y a sur cette terre des gens qui vous redonnent la foi. La foi en l’homme. Et la foi dans le combat contre l’obscurantisme.
Sogol fait partie des vrais héros de ce monde.
J’espère qu’un jour, je pourrai suivre la trace des ânes barbus jusque Téhéran.
Les éditions Diagonale sont mortes. Vive l'Iran! – John Henry
novembre 29, 2024[…] au même moment, je reçois un mail de Sogol, une Iranienne qui a traduit en persan les ânes barbus. Quand elle me demande si son éditeur doit prendre contact avec qui que ce soit pour le rachat des […]