J’ai repris goût à la victoire
Tu les connais, ces vieilles stars du ballon rond, ces vieilles stars de la chanson, qui, lasses de retrouver un succès à jamais passé, décident de jeter le gant. Elles sont assises, dans un coin du ring, les poings sur les genoux, la bouche de travers, le souffle court, la sueur ruisselant sur leur dos, exténuées, incapables de se relever pour le prochain round, incapables de trouver au fond d’elles l’énergie qu’il faudrait pour allonger la fringante en-face, déjà debout, bien avant le signal de la reprise. Cette impression de ne plus pouvoir. La conviction de ne plus pouvoir. Elles crachent leur protège-dents aux pieds du dernier manager qui avait cru en elles, celui qui les mène à l’échaffaud, la mise à mort publique et télévisée, elles crachent et elles disent « j’arrête », avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’elles ne soient défaites et que leur gloire passée ne soit plus qu’un souvenir écrasé par la branlée qui s’annonce.
Eh bien, ça, c’était un peu moi. C’était beaucoup nous. Quittant discrètement le ring de shortEdition après avoir vu plusieurs textes écartés au stade du premier tour et même parfois recalés en qualifications. Des textes que j’estimais. Alors j’ai décidé de raccrocher les claviers, de ranger les textes au fond des tiroirs.
Mais tu les connais ces vieilles stars, elles ne peuvent s’en aller longtemps, l’odeur du terrain les rappelle toujours, elles trainents dans le coin, à l’ombre, en attendant qu’on les invite à jouer, comme ça, l’air de rien, pour remplacer un blessé. C’est comme ça que shortEdition m’a eu. Avec la matinale en cavale. Version hiver2014. Et voilà que le texte est qualifié pour la finale. Seul Dieu pourra me juger. C’est presque le titre de mon testament shortEditionesque. Maintenant, il n’y a pas d’autre alternative que le podium, que les lauriers, c’est ainsi que finissent toutes ces vieilleries sur le retour, auréolées de succès, avec les tambours et les photographes, c’est ainsi qu’Hollywood dit adieu, c’est ainsi que les stades disent aurevoir, c’est ainsi que les olympia se terminent. Lis, vote et partage, en honneur à ce glorieux passé. Le nôtre. *
*D’abord il faudrait qu’on monte à 975 sur le ring, puisque c’est le nombre de votes du garçon en baggy. Et puis, c’est surtout l’époque des votes subliminaux, l’époque où chaque partage sur facebook et chaque conversation sous le lien du texte faisait grimper les compteurs. J’avais reçu un appel de Isabelle en été 2012 pour me demander si j’avais triché. Triché ? Non, j’ai juste lu le règlement et exploité un système de votes un peu artisanal. La troisième fois où je serai lauréat c’est parce que j’étais le mieux placé au moment où la communauté de shortEdition a découvert qu’un texte imposteur s’apprêtait à rafler la mise. Chacun de toi, cher mon lecteur, est donc une vieille star déchue qui s’apprête à remonter sur le ring et à faire valoir tes arguments. Et on ne remonte pas pour se faire étaler au premier round. Seul DIeu pourra nous juger.
Cheers