Je n’ai rien à écrire

Tu les connais, cher mon lecteur, ces journées insipides, qu’on traverse comme un couloir administratif, tu le sais, ces couloirs bruns, à moquettes, ou à carrelages mouchetés, ces quelques mètres de couloirs qu’on est pressé de quitter. Il y a des journées brunes qui ressemblent à ça, à des journées où tu te remets mal de quelques verres de Goldstrike offerts au vernissage de « Trois ombres au soleil », à des journées que tu traverses malgré toi dans une indifférence profonde, indifférent aux mouvements du soleil, aux horloges qui dansent ou à la vie par-delà ta fenêtre. Le temps succède au temps, tu t’en doutes bien mais cela n’a pas vraiment d’importance, tu bois des bols de soupe bouillants, tu appelles un médecin et c’est à peu près tout. 

De ces journées mortes, il n’y a vraiment rien à dire, certainement rien à écrire. Les journées mortes parfois s’enlacent les unes aux autres pour former une semaine morte, il n’y a rien à faire, toujours rien à écrire.

Pourtant quelque chose me dit que c’est entre ces morceaux de rien, quelque part entre les interstices moribonds de ces vies mortes que naissent les choses les plus grandes, cette impression néubuleuse que c’est dans ces instants bruns que germe la créativité la plus débridée.

Aujourd’hui, je n’ai rien à écrire. Et c’est tant mieux.

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