Je ne suis pas riche mais déjà alcoolique

Ce matin on m’a parlé de chiffres mais pas des chiffres du genre qu’on met dans les carrés des hypoténuses ou dans des intégrales scabreuses, non, on m’a parlé des chiffres qui font rêver. On m’a parlé des 20% que touchait Louis Ferdinand Céline sur la vente de ses bouquins, on m’a parlé des 18% de Nabokov, on m’a parlé des 600 millions de ventes de Harry Potter, on m’a parlé du million de pré-commandes du dernier roman de JK Rowling, on m’a parlé aussi du million d’exemplaires vendu de la délicatesse. Je ne suis pas un homme de chiffres pourtant. Je ne suis pas un homme d’argent non plus. Mais parfois, moi aussi, j’ai envie de devenir scandaleusement riche. Et ce n’est pas la lotterie. Enfin pas tout à fait. Ces types ils ont commencé comme moi, enfin presque, avec une machine à écrire ou un stylo et un bout de papier, au début ils n’étaient rien et voilà qu’aujourd’hui.

Alors quand on arrête de me parler des chiffres, quand on arrête de me faire rêver, quand on veut me ramener sur terre, quand on veut regarder la réalité dans le blanc des yeux, on me parle des écrivains alcooliques. On me parle de grandes lampées de vin ou d’eau-de-vie. On me trouve enfin un point commun avec Rimbaud, Hemingway, Duras, Fitzgerald, Kerouac. Je réponds que s’il suffisait de boire pour éprouver du génie, les fonds des tarvernes regorgeraient d’écrivains de grand calibre. Le génie ne se trouve pas dans le cul des bouteilles. On me dit que c’est tout ce qu’on a trouvé pour me rassurer.

Bref, je ne suis pas riche mais j’ai peur de ne pas vraiment être alcoolique non plus.

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