La littérature est dans la rue
Le football, une ville, la rue, la victoire. Et la littérature est là.
Prenez le football. Mais pas le football des fanatiques, non, le football grand public, tiens l’Euro par exemple. L’autre soir je me retrouve dans un bar portugais à Bruxelles pour suivre le quart de finale contre les Tchèques. Le match est nerveux, tendu, les Portugais dominent mais ne parviennent pas à marquer. Le bar est bondé. Que des Portugais. Il y en a dans tous les sens, les écrans sont partout. Ronaldo, une icône mondiale, inscrit un but rageur de la tête, le bar explose. Il reste huit minutes. Ce n’est rien huit minutes, ce n’est rien. Mais là, ce soir-là, au milieu des Super Bock et des maillots rouges, huits minutes c’est interminable. Fin du match. Le bar exulte. Le quartier exulte. En quelques minutes, plus d’un millier de supporters sont dans les rues, ils chantent, ils hurlent, un groupe de filles dansent sur un balcon, les drapeaux portugais flottent aux fenêtres des appartements, on fait la queue au magasin de nuit pour acheter une bière, ou dix. La rue est rapidement fermée au trafic. Mais les trams continuent de passer. Deux ouvreurs tentent de lui faire un passage, toutes les cinq minutes. On frappe sur les vitres – solides – des trams au ralenti. Les passagers sourient, les passagers dansent. Ils n’ont certainement pas vu le match. Ils ne savent peut-être pas qu’il y a un match. Mais ils sourient, mais ils dansent, tout seuls, dans ces trams déserts. Une moto brûle son pneu arrière, la foule hurle.
Et la littérature est dans la rue.