La vie des manuscrits refusés

Deux ans de travail. Une résidence d’écriture en février et mars 2018 et puis d’innombrables et d’interminables réécritures pendant plus d’un an et demi. Monsieur Maurice est sans aucun doute le manuscrit sur lequel j’ai le plus travaillé avant de le proposer aux éditeurs. Je l’ai proposé à des dizaines de maisons d’édition. Certaines réponses étaient enthousiastes, sur le style, l’écriture, la construction narrative, avant de conclure qu’il manquait cependant l’étincelle, que cela ne correspondait pas à ce qu’elles publiaient. Même argumenté et positif, un refus est un refus. J’ai alors rencontré les éditrices qui avaient publié les ânes barbus et le constat était indentique, un refus.

Je savais que Monsieur Maurice n’était pas un manuscrit vendeur, c’était une histoire que j’avais envie d’écrire, celle de mon grand-père. J’ai pris une certaine liberté par rapport aux faits parce que personne ne s’intéresse à la biographie de mon grand-père et qu’il était important d’en faire un roman, une oeuvre de fiction littéraire inspirée de faits réels. Je suis assez fier du résultat. Et pourtant Monsieur Maurice et moi ne sera probablement jamais publié. Je me suis laissé convaincre que publier pour publier, insister malgré les signaux envoyés par des dizaines de comités de lecture arrivés à la même conclusion, c’est faire preuve de peu d’humilité. La littérature et les lecteurs n’ont pas besoin d’un roman supplémentaire qui vienne garnir les étals des librairies s’il n’apporte pas la moindre petite pierre au grand édifice littéraire.

Evidemment, c’est une déception.

Cela devient donc mon 6ème manuscrit non publié, le 8ème que j’ai écrit. J’espère que ces histoires, ces oeuvres riches et intenses pourront connaitre, un jour, un destin loin des fonds de tiroir de mon ordinateur. Certaines histoires le méritent. Sous une forme ou sous une autre. Et peut-être que le temps leur rendra hommage, allez savoir. En attendant, je peux vous faire parvenir un exemplaire en fichier PDF si vous vous sentez l’âme d’un explorateur littéraire.

En attendant une potentielle naissance au monde de ces manuscrits-là, je prépare depuis maintenant plus d’un an un nouveau manuscrit, autrement plus ambitieux. Et dans ce cas-ci une seule issue sera envisageable, la publication. Après, le destin d’un roman, ça ne m’appartient plus. Tout ce que j’ai appris depuis maintenant 12 ans que j’écris, depuis 8 manuscrits et une trentaine de nouvelles, depuis un an que je ne lis pratiquement que des romans classiques, d’une écriture et d’une construction remarquables, j’ai le devoir presque impérieux d’utiliser ce savoir et d’utiliser la poussière de toutes ces vies que je traverse, pour écrire un manuscrit à qui l’on ne pourra décemment rien refuser.

Rendez-vous en juillet pour une nouvelle résidence d’écriture.

Merci de ton soutien cher mon lecteur.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *