À propos de moi

Biographie

Les enfances c’est toujours un peu spécial, tout le monde est toujours catégorique sur son enfance. Elle était heureuse, triste, pauvre, ennuyeuse, oubliée. La mienne c’était tout à la fois. Bien sûr ça n’a pas toujours été comme ça. J’étais jeune. C’était encore le début si on peut dire, je suis devenu journaliste. Reporter. Très grand reporter. Je suis parti suivre un enfant orphelin qui vivait dans les Andes, élevé par des condors et une tribu qui vénère le soleil, j’ai poursuivi des trafiquants d’opium au Moyen Orient, j’ai traversé le Far West à cheval, avec un chien, j’ai fait le tour de Gaules, j’ai sauvé un autre orphelin, qui se battait pour protéger une espèce menacée qui vivait aux confins de l’Himalaya, j’ai aidé un ami à sortir de la misère et de l’alcoolisme, j’ai retrouvé des trésors, arrêté des brigands de grands chemins. Puis je me suis fait tatouer un chiffre romain sur l’épaule, j’étais pas content du résultat mais comme j’ai une mémoire défaillante j’avais oublié qui avait fait ça. 

J’ai cherché un certain temps en vain et ça m’a ennuyé. La vie est généreuse parfois et ce n’était pas si grave au final parce qu’un peu plus tard, alors que mon père adoptif décédait, je devenais président d’un groupe tentaculaire et par la même, richissime. J’étais pas prêt à tout ça. J’ai craqué. J’avais neuf ans. Et je faisais tout ça le soir. La journée y avait école et j’aimais plutôt bien ça l’école. Y avait toujours un gros gamin vaguement drôle qui essayait de copier sur moi, y avait le prof de gym qui avait sans doute jamais couru douze mètres et qui sentait le tabac froid, y avait aussi les spectacles de fin d’année qui finissaient souvent en eau de boudin. Quand il me restait un peu de temps, le week-end, je jouais un peu au foot. J’avais toujours voulu être attaquant mais on m’a fait jouer défenseur central, on décide pas toujours de tout dans la vie. Alors j’ai défendu, j’ai stoppé Marc Landers et Olivier Atton même s’il était plus costaud et puis j’essayais de relancer rapidement Benjamin Lefranc…

Puis j’ai grandi. Le foot ça ne m’intéressait plus autant. J’ai découvert l’alcool et les filles. La vie n’apparait soudain plus en ligne claire mais en écriture torturée. Je ressentais le mal-être. Une nuit j’ai fugué. J’avais 14 ans. J’ai commandé des whiskies dans des bars à New York, j’ai essayé de faire monter des prostituées dans ma chambre mais c’était compliqué. Finalement cette nuit est devenue folle. Ca n’avait aucun sens ! La vie s’accélérait, tout devenait moins linéaire, moins simple, moins compréhensible. Je me sentais mal dans ma peau et j’ai réalisé que c’était devenu n’importe quoi mais un peu tard. J’ai suivi un couple qui faisait l’amour dans les dunes, j’avais des pulsions de mort mais j’ai fini par me branler. Les filles ne voulaient pas de moi, je végétais dans ma crasse une fois la journée de boulot terminée. Puis je partais en thaïlande ou par là pour trouver des filles qui voulaient bien de moi. Ca me coutait un peu d’argent mais elles voulaient bien de moi. Ma vie basculait, je rencontrais des types étranges. Un type, il s’appelait Patrick Bateman, me poursuivait partout où j’allais, je le voyais partout, il me faisait flipper. Alors un soir, quand je suis sorti d’une galerie d’art où j’exposais mes photos des cartes Michelin, je me suis laissé aller et j’ai pris de la coke sur le capot d’une Porsche, j’avais peur, une peur assez diffuse, je devais m’échapper. D’une manière ou d’une autre…

Ma liberté se restreignait, je le sentais bien. Heureusement, j’ai pu partir quelques temps, comme une bouffée d’oxygène. Je devais me reprendre en main, être capable de faire quelque chose de cette vie moribonde. Alors je suis parti écrire à Paris. Il y avait de belles fêtes mais ça ne suffisait pas, je voulais vivre autre chose. Je me suis porté volontaire comme ambulancier dans une guerre qui ne me concernait pas, j’ai connu une femme dans un hopital de la région, j’avais reçu un éclat de bombe dans le genou. La cure a été longue mais au début de l’été j’ai eu ma permission et j’ai pu descendre jusqu’à San Sebastian suivre la féria. On était cinq. Il n’y avait qu’une fille. Ca a un peu bardé. Mais on a bien bu. J’en ai profité pour tirer jusqu’à Barcelone, j’ai cherché après un écrivain que j’avais bien connu autrefois, disons plutôt que mon père avait bien connu. Mais la vérité c’est qu’il était mort à Paris.

Voilà.

Lundi dernier je suis rentré à la maison. Il y avait deux factures dans la boite aux lettres. Je me suis assis devant mon ordinateur.

Et je me suis mis à écrire.

Je n’écris pas ma vie. Mais celle que les autres pourront se rêver. J’écris pour remettre de l’ordre dans ce monde.

Nous ne sommes pas des chats, nous n’avons pas neuf vies. Nous en avons bien plus. Des vies il y en a partout. Dans des morceaux de phrases, dans des courbes de dessin, dans des extraits de paroles.

Et ceci n’est que le début.

Lauréat du festival du premier de Chambéry 2016

pour Quand les ânes de la colline devenus barbus.

Prix de la roquette 2015 à Arles

pour Quand les ânes de la colline sont devenus barbus.

Lauréat de la Matinale 2013 de la littérature courte

concours d'écriture live à Paris organisé par ShortEdition, sous le parrainnage de David Foenkinos pour Au nom du père.

Prix du concours de nouvelles 2013 de la fédération Wallonie-Bruxelles

("Entre chien et loup") pour Un héros très discret.

Prix été 2012

du concours de nouvelles Shortédition pour Yam.

Prix hiver 2012

du concours de nouvelles Shortédition pour La mélodie.